Dossier «L'Affaire du RER D» — AFP Fermer la fenêtre

Médias

Agression antisémite du RER : les journaux interpellent l'opinion
AFP | 12.07.04 | 03h54

La presse de lundi relaie unanimement l'émotion suscitée par l'agression antisémite d'une jeune mère de famille dans le RER parisien mais interpelle également l'opinion car "l'indignation ne suffit pas".Pour tous les éditorialistes, cette agression survenue vendredi sur la ligne du RER D s'inscrit dans un contexte lourd. Jean-Michel Thénard, dans Libération, parle d'un "fait divers monstrueux parce qu'il confirme la gangrène qui se répand dans la société française". L'Union, sous la plume de Christophe Tézier, dénonce une "infamie qui renvoie notre pays à ses heures les plus sombres du siècle passé". Dominique Jung, dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace, rappelle que "transformer quelqu'un en victime parce qu'il est censé appartenir à un groupe discriminé est le premier pas vers le pogrom ou la guerre ethnique".La République du Centre, dans un éditorial de Jacques Camus, constate aussi que "l'abjecte agression antisémite" commise vendredi matin "survient en sinistre écho au discours prononcé la veille par Jacques Chirac au Chambon-sur-Lignon", au cours duquel le chef de l'Etat avait appelé ses concitoyens au "sursaut" face aux racisme et antisémitisme.L'absence de réaction justement des autres passagers du RER est vivement condamnée. Le Figaro parle du "train de la haine" et estime qu'"à la lâcheté des voyous antisémites a répondu la lâcheté des passagers du RER D". "Leur silence est terrifiant. Comme si la société française ne voulait pas savoir ce qui se passe sous ses yeux", écrit Georges Suffert dans l'éditorial de ce quotidien. "Que personne n'ait réagi, indique le niveau de lâcheté à laquelle est parvenue notre société", s'alarme Jean Levallois dans La Presse de la Manche.Face à ce que France-Soir appelle des "dérives racistes absurdes", "l'indignation ne suffit pas", écrit Pierre Taribo dans L'Est républicain. Les journaux appellent, comme Le Parisien/Aujourd'hui, à la "mobilisation contre l'antisémitisme" ou, comme L'Humanité, à une "riposte à l'ignoble". Aux yeux de Christine Clerc, dans Le Télégramme, "tout un travail d'éducation civique est à refaire : à l'école, auprès des parents et à la télévision. Mais surtout, en chacun de nous". Mais Dominique Garraud, dans La Charente libre, souligne que "si ce sursaut est bien sûr l'affaire de tous, il est d'abord le devoir des responsables politiques dans toutes les directions, judiciaires, scolaires, mais aussi sociales avec l'élimination par le haut des ghettos et des discriminations qui font le miel des propagandistes de la haine".